Pussy Riot, qu'attendons nous pour refaire un art politique ?

Il est encore trop tôt pour savoir quelles conséquences l’affaire des Pussy Riot aura ou non sur les mouvements contestataires en Russie et plus largement sur l’avancée de la démocratie dans le pays. La condamnation a deux ans de goulag pour les trois jeunes femmes interpellés suite à une prière punk, performance sauvage dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou, a, en tout cas, attiré l’attention des médias étrangers et de l’opinion publique internationale.

Si la police a l’habitude d’embarquer les leaders de chaque manifestation (Limonov explique bien comment l’arrestation est un des moments initiatiques pour l’opposant politique) et si la sanction est finalement d’un an inférieure au réquisitoire du procureur, la sentence reste une surprise.

La vidéo de l’action des Pussy Riot (qu’on trouve facilement sur internet, exposée aussi actuellement au Palais de Tokyo) est tout ce qu’il y a de plus anti spectaculaire. Bas de couleur sur le visage, les jeunes femmes appellent la vierge à débarrasser la Russie de Poutine et se lancent dans une chorégraphie punk qui détonne dans le calme du lieu. Rapidement (on imagine, le montage ne permet pas de voir la totalité de l’action) elles sont maitrisées. Au final aucune violence (rien de détruit, personne n’a été chahuté) mais un geste symbolique, qui, à en croire les conséquences pour les auteures, appuie où ça fait mal.  

Ce procès d’artiste, résolument politique, devrait nous réfléchir à deux choses. Premièrement à la formidable liberté et sécurité que nous avons dans nos pratiques artistiques. Même si certains groupes radicaux ont intentés des actions contre des artistes (procès des caricatures de Mahomet, procès des commissaires et de certains artistes de l’exposition “Présumés innocents”...) nos lois ont toujours protégés les acteurs du monde de l’art et la liberté d’expression. Le deuxième point qui découle directement du premier, c’est la sensation que malgré cette grande liberté, très peu d’artistes s’engagent dans le champ du réel. L’art “engagé” apparait comme une relique désuette des années 60.

Pourtant, et c’est finalement ce qui est le plus notable dans l’action des Pussy Riot, une action artistique peut contribuer au débat politique, en l'occurrence en questionnant le retour en force de l’église orthodoxe et son lien avec le pouvoir politique.


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